Contre l’austérité et la répression : Unité de la classe ouvrière !

Manifestation contre loi travail Lille 28 juin

Le vote favorable au Brexit en Angleterre et la mobilisation massive contre la loi travail en France ont ouvert une nouvelle situation en Europe. Cela pose un défi majeur à l’ensemble des organisations ouvrières et impose d’apporter une réponse à la hauteur de la situation.

En Angleterre, au tournant des années 1980, la classe ouvrière et ses organisations ont été défaites sous les coups de boutoirs de Thatcher. Cette politique a servi d’aiguillon aux autres bourgeoisies du continent, qui, alliées dans le cadre de l’Union Européenne, se sont attaquées à leurs classes ouvrières respectives.

Alors que les analystes avaient décrété que la classe ouvrière britannique était morte, on assiste au pays de la City, à des manifestations monstres contre l’austérité et contre la « seule politique » possible si chère aux Thatcher, Blair, à leurs successeurs et à leurs amis d’Europe.

Le 23 juin, les travailleurs britanniques – soutenus par bon nombre de syndicats combatifs – ont massivement voté pour le Brexit, manifestant ainsi leur rejet conscient de l’UE, de ses traités et directives.

En France, malgré la répression et l’état d’urgence (imposé au prétexte de lutter contre le terrorisme), des millions de travailleurs ont participé pendant des mois à des journées de grève pour s’opposer à la loi Travail dite « loi El Khomri ». Cette loi se situe dans la continuité de toute la politique anti-ouvrière menée par ce gouvernement depuis 2012.

Dans l’histoire de la 5e République c’est la première fois que des manifestations aussi massives se produisent contre un gouvernement dit de gauche. Le PS est un parti bourgeois et les travailleurs en sont conscients.

Contrairement à ce qu’on a pu entendre, le gouvernement PS ne s’est pas couché devant les exigences du patronat, il a été son relais politique conscient et volontaire. Le gouvernement a tenu bon alors que les travailleurs rejetaient très massivement la loi Travail, grâce au soutien sans faille du patronat, de la Commission Européenne, et de la Confédération Européenne des Syndicats (CES). Plus de 10 ans après le rejet du Traité Constitutionnel Européen, la mobilisation contre la loi travail, exprime le rejet de toute la politique de l’UE.

En France toujours, les travailleurs se mobilisent massivement pour soutenir les militants syndicaux combatifs victimes de répression antisyndicale. Les campagnes de soutien aux travailleurs de Goodyear ou d’Air France rencontrent un réel écho au sein de la classe ouvrière, malgré l’attitude des directions syndicales bureaucratiques qui ont refusé d’organiser la grève générale.

Les exemples de l’Angleterre et de la France ne constituent que les pointes les plus avancées d’une même logique : le rejet généralisé et conscient de l’UE de ses directives et de ses politiques.En Belgique, les travailleurs se mobilisent contre une loi comparable, en Allemagne contre les bas salaires et la précarité, au Portugal, en Espagne, en Grèce contre les mesures d’austérité mises en œuvre pour imposer le paiement de la dette, qu’elles soient directement dictée par le FMI et la Commission Européenne ou non.

Car la réponse des travailleurs aux politiques anti-ouvrières mises en place par les différents gouvernements devra se faire au niveau du continent. Comment élargir concrètement la mobilisation des travailleurs et se battre réellement pour la victoire des revendications ? Comment avancer un plan concret de rupture avec l’Union Européenne, ses traités, ses gouvernements ? Comment avancer vers un gouvernement par et pour les travailleurs ?

Le mouvement ouvrier possède une histoire, une expérience et des méthodes sur lesquelles il doit s’appuyer. Au début des années 1920, dans le sillage de la révolution russe et des difficultés d’étendre la révolution à l’Europe de l’ouest, l’Internationale Communiste, avait développé ce qu’elle avait appelé la tactique du Front unique, que Trotsky développa au tournant des années 1930 sous le nom Front unique ouvrier. Il s’agissait de défendre l’unité des organisations ouvrières sur la base de revendications et d’actions communes.

Dans le cadre du respect de l’indépendance de classe et des principes de la classe ouvrière, les organisations gardaient leur autonomie mais agissaient sur des points concrets d’action. L’objectif était notamment de combattre la division des organisations ouvrières, cette division servant avant tout les défenseurs du système en place.

De plus, elle paraissait parfois incompréhensible à la grande majorité des travailleurs. Un autre objectif était de créer une dynamique de mobilisation qui avait vocation à s’élargir et à imposer la rupture avec la bourgeoisie, cherchant à démasquer les bureaucraties réformistes.

Aujourd’hui en Europe et en France, les organisations du mouvement ouvrier sont extrêmement fragmentées. Il est donc nécessaire de développer une politique de Front Unique autour de revendications claires, et ce à l’échelle même du continent. Les travailleurs de France et Belgique ont commencé à le faire en organisant des manifestations unies transfrontalières pour s’opposer à des projets de loi similaires de remise en cause du code du travail. La lutte pour l’abrogation de la loi travail implique un combat dans l’unité des organisations ouvrières.

La défense des militants victimes de répression antisyndicale exige aussi la mobilisation et l’unité des organisations ouvrières. Une telle unité ne se fera pas par en haut ni de manière incantatoire, mais sera le résultat de la mobilisation de la classe ouvrière, de ses militants et de ses organisations à la base.

Relaxe des Air France, des Goodyear et de tous les militants lutte de classe !
Tous à Amiens les 19 et 20 Octobre !