H. Clinton ou D. Trump !? Lever une alternative politique pour les travailleurs étasuniens !

Trump et Clinton poignée de main

Le soubresaut de la crise du système capitaliste qui a frappé au cœur de la citadelle de l’impérialisme, les USA, à partir de 2007 a poussé sur le bord de la route des millions de travailleurs que les capitalistes avaient flattés en les appelant « classe moyenne ».

Près de dix ans plus tard, la situation des travailleurs ne s’est pas améliorée et, si les chiffres du chômage sont si bas (autour de 5 %), c’est que là-bas seuls les chômeurs indemnisés sont comptabilisés. Après, ils deviennent officiellement des « inactifs », ce qui fait qu’en réalité le taux de chômage est au moins du double, sauf que près de 15 % des étasuniens reçoivent une aide alimentaire.

En réalité, ce que cache le soi-disant faible taux de chômage, c’est une paupérisation croissante de la population : la crise de 2007-2008 est loin d’être surmontée et de nombreux étasuniens se sentent en situation de déclassement, non plus seulement des Noirs et des Hispaniques, mais aussi des Blancs qui sont à ce stade, en l’absence d’un parti ouvrier authentique, d’autant plus sensibles aux envolées démagogiques qui leur désignent un bouc émissaire facile en la personne de l’immigré.

Pourtant, les USA ont été traversés par une vague de mouvements de contestation à partir de 2008 avec « Occupy Wall-Street » et des grèves comme celle des enseignants, des employés de Walmart ou de la restauration rapide. La bataille pour le salaire minimum à 15 dollars de l’heure se développe depuis plusieurs années, après plus de 30 ans de blocage salarial et le mirage du crédit sans limites.

L’exaspération a aussi été grandissante avec les violences policières visant des Noirs et, en riposte, la structuration du mouvement « black live maters » et le retour des références aux « black panthers » des années 60-70. L’opposition à la guerre est aussi une constante depuis l’enlisement en Afghanistan et en Irak sous l’administration Bush avec la bénédiction de la sénatrice Clinton.

À quelques jours de l’élection présidentielle, les travailleurs sont donc sommés de choisir entre deux candidats qui sont attachés à la sauvegarde du capitalisme, ils ont le choix entre la peste et le choléra. La candidate des milliardaires qui en son temps était proche de Trump et le milliardaire candidat qui regarde la présidence des États-Unis d’Amérique comme un aristocrate de l’Ancien régime qui pensait pouvoir s’offrir n’importe quelle charge.

Cependant les primaires démocrates comme républicaines ont été particulièrement tendues et les deux candidats ont été des candidats par défaut de chaque formation. Dans un précédent article (L’Internationaliste n°161, mars 2016), nous avions montré que la candidature de B. Sanders portait en elle les germes de sa défaite car s’étant présenté dans le cadre du parti démocrate et sur un programme social-démocrate.

Toutefois, parmi les travailleurs et les jeunes, la réflexion a progressé en rupture avec la réalité du parti démocrate. Désormais un candidat qui se prétendrait « socialiste », ce n’est plus un problème : un tabou a été brisé. Même si le « socialisme » de B. Sanders ressemble plus à celui de F. Mitterrand qu’à celui de Khsawa Sawant, élue municipale de Seattle, membre d’une organisation qui se réclame du trotskisme.

Il y a quelques années tout cela aurait été impensable au point que les deux candidats qui restent en lice se sont sentis obligés de se prononcer sur des problèmes sociaux qui n’ont jamais été le centre de leurs préoccupations.

Toujours est-il, et quel que soit le nouveau président des USA, une chose est sûre : cette campagne va laisser des traces. Certes, une partie importante de l’équation réside dans l’abstention qui risque de monter encore ; ce qui ferait que le nouvel élu aurait une légitimité très faible alors que les attentes des travailleurs et de la jeunesse s’expriment avec une détermination croissante. La crise politique et sociale pourrait alors s’aggraver rapidement au cœur de la citadelle de l’impérialisme.

Les mobilisations de ces dernières années tout comme le débat autour des primaires et de l’élection proprement dite montre que la lutte des classes a encadré cette élection comme rarement ce fut le cas dans le passé.

Dans un pays où jamais il n’a existé un parti ouvrier de masse, où pourtant le mouvement trotskiste a été à l’avant-garde de combats décisifs comme les droits civiques et la fin de la guerre du Vietnam, dans ce pays il existe maintenant un espace réel pour construire un parti ouvrier, pour faire progresser l’indépendance de classe du prolétariat, pour surmonter ses divisions et le dégager de la gangue du chauvinisme dans laquelle la bureaucratie de l’AFL-CIO a cherché à l’enfermer depuis des décennies.

Pour ouvrir une véritable alternative ouvrière et populaire, il faut rompre avec les partis démocrate et républicain. C’est une exigence vis-à-vis des syndicats encore inféodés à ces partis pro-capitalistes ; rompre avec le capitalisme, le débat sur le socialisme, l’élection de Seattle, ont démontré que pour les travailleurs étasuniens une autre perspective est envisageable.