Référendum en Italie : Les travailleurs votent contre Renzi et l’UE

Le 4 décembre, les électeurs italiens étaient appelés à se prononcer par référendum, sur une réforme constitutionnelle voulue par celui qui était encore le président du Conseil des Ministres et secrétaire du Parti Démocrate Italien, Matteo Renzi.

Une victoire écrasante du Non

Les objectifs affichés de cette soi-disant réforme étaient de « simplifier » les institutions italiennes pour en améliorer le fonctionnement. En réalité, il s’agissait de concentrer les pouvoirs dans les mains du parti au pouvoir.

L’objectif était d’accélérer les contre-réformes capitalistes exigées par le patronat et les marchés italiens, ainsi que par la Commission Européenne qui jugent le niveau de la dette publique italienne « insupportable ». En d’autres termes, il s’agissait de donner les coudées franches au Parti Démocrate et à ses alliés pour faire payer la crise aux travailleurs d’Italie.

Matteo Renzi a voulu transformer ce référendum en plébiscite pour la politique qu’il mène depuis qu’il est arrivé au pouvoir en février 2014. M. Renzi a toujours affirmé vouloir « reformer » l’Italie – il faut entendre par là appliquer une politique intégralement au service du patronat et des marchés.

Il avait également déclaré que s’il n’y arrivait pas, il démissionnerait, ce qu’il a finalement été contraint de faire à la suite de l’écrasante victoire du non à sa réforme constitutionnelle.

En un peu plus de deux ans de mandat, il a détruit ce qui restait du code du travail italien en faisant approuver le « jobs act » sorte de version italienne de la Loi Travail, et il a drastiquement baissé l’impôt sur les entreprises pour que ces dernières augmentent leur bénéfices.

Le résultat de ces politiques a été catastrophique pour les travailleurs et les jeunes, comme partout où de telles mesures ont été prises : la précarité et la pauvreté ont explosé de même que le chômage des jeunes qui reste un des plus hauts d’Europe pendant que les bénéfices des grandes entreprises ont augmenté.

Les travailleurs et les jeunes contre Renzi

C’est à cette lumière qu’il faut interpréter le résultat du 4 décembre : en votant à près de 60 % contre le projet de réforme constitutionnelle, les électeurs italiens ont massivement voté contre Matteo Renzi et sa politique pro-patronale et pro-marché.

Les principaux médias, le patronat, les partis institutionnels de « centre-gauche » et de « centre-droit », ont tout mis en oeuvre pour la victoire du « oui ». C’est pourtant le « non » qui l’a emporté largement avec près de 6 millions de voix d’avance dans un contexte de forte participation pour ce type de scrutin (65,5%). Le désaveu pour Renzi est cinglant.

En effet, les jeunes particulièrement exposés à la précarité aggravée par le « jobs act », la moitié sud du pays particulièrement touchée par la pauvreté et le chômage aggravés par les mesures anti-sociales de Renzi ont voté à plus de 70 % pour le non. Dans les régions industrielles de Ligurie, de Vénétie, du Piémont et de Lombardie dans le nord du pays c’est également le Non qui l’a emporté, notamment dans les quartiers et les régions ouvrières.

La démission de Renzi renforce la crise politique et économique qu’il avait prétendu résoudre avec ses politiques.

Un vote contre l’UE

La politique de M. Renzi qui consiste à démanteler la législation du travail et à favoriser les marchés financiers n’a rien de spécifiquement italien. M. Renzi qui, à un moment, s’est soi-disant posé en alternative à l’austérité d’A. Merkel, a appliqué la politique recommandée par l’Union Européenne et la Commission Européenne de baisse des salaires, de destruction des droits sociaux et de démantèlement des services publics.

En votant massivement contre la politique de Renzi, les travailleurs et les jeunes italiens ont donc voté contre l’Union Européenne, ses directives et ses politiques. Le vote du 4 décembre vient ainsi approfondir la très profonde crise à laquelle est confrontée l’Union Europénne depuis plus de 10 ans déjà. Le vote italien vient aggraver la situation d’une UE déjà bien mal en point après les votes néerlandais contre l’accord d’association entre UE – Ukraine, et après le Brexit en juin 2016.

Quelles conséquences ?

Avant que la défaite de M. Renzi n’apparaisse comme trop certaine, M. Valls et E. Macron aimaient à se montrer aux côtés de l’ancien président du Conseil des Ministres italien, présenté dans les médias d’Europe comme jeune et moderne.

Il faut dire que depuis plusieurs années déjà, l’Italie est devenue une sorte de laboratoire politique de l’Europe. La création du Parti Démocrate – sur ce qui restait de l’appareil de l’ancien Parti Communiste Italien et de l’ancien parti de la Démocratie Chrétienne – est apparue pour l’ancien premier ministre et l’ancien ministre de l’économie de François Hollande comme un modèle.

Le Parti Démocrate prétendait devenir une sorte de parti « progressiste » où toute référence au marxisme et à la lutte des classes avait été définitivement et explicitement liquidée, et devait devenir une solution nouvelle pour la bourgeoisie dans le cadre de la crise de sa représentation politique traditionnelle. L’échec cuisant infligé par les travailleurs italiens à M. Renzi est un avertissement clair lancé à tous ceux qui s’en inspirent.

Pour les travailleurs et les jeunes d’Europe, la large victoire du non au référendum italien est au contraire une victoire supplémentaire contre l’UE et ses politiques anti-ouvrières et anti-démocratiques. C’est également une victoire contre les nouveaux obstacles que la bourgeoisie cherche à dresser contre la mobilisation des travailleurs et des jeunes.

Pour les militants ouvriers, il s’agit de mettre cette victoire au service de la classe ouvrière et d’avancer dans la construction d’une réelle alternative politique pour les travailleurs : un parti authentiquement socialiste, internationaliste ouvrier et révolutionnaire qui se bat pour la seule alternative progressiste à l’Union Européenne capitaliste : les États-Unis Socialistes d’Europe.